Les principes de communication interne du Commandant Zumwalt

Si aujourd’hui les principes fondamentaux d’une bonne communication interne sont largement définis dans tous les ouvrages contemporains, c’est parfois dans le passé que l’on trouve des modèles concrets et frappants de modernité en la matière. Et dans le livre-référence « Le Prix de l’excellence »*, au chapitre traitant de la productivité par la motivation du personnel, un exemple étonnant, vieux de plus d’un demi-siècle et doublement anachronique puisqu’il se déroule au sein de l’armée.
Dans les années 60, un Commandant américain, Elmo Zumwalt prend la direction d’un bâtiment de guerre, bon dernier de son escadre en terme d’efficacité militaire. Au sein du destroyer, le niveau de motivation, de confiance et d’engagement est au plus bas… Il se lance alors dans un combat d’un genre particulier : «J’ai essayé de faire en sorte que tous les officiers et les hommes à bord non seulement sachent de quoi il retournait et connaissent le but de chaque évolution tactique, mais aussi soient suffisamment au courant pour partager l’excitation et le sens du défi que nous ressentions au poste de commandement. Nos techniques n’avaient rien d’extraordinaire. Nous faisions des annonces par haut-parleur pour expliquer la manœuvre en cours. Au début et à la fin de chaque journée, je discutais avec les officiers de ce qui venait de se passer, de ce qui allait se passer, de la position des autres et de la façon dont nous devrions agir pour y faire face, et ceux-ci en parlaient, à leur tour, avec leurs hommes. Nous publiions des notes écrites dans le programme du jour qui donnait à l’équipage un aperçu de nos activités. J’avais des conversations à bâtons rompus aux quartiers des premiers maîtres où je m’arrêtais souvent pour prendre un café. Les efforts déployés pour communiquer de l’enthousiasme et du plaisir pour ce que nous faisions avaient beaucoup plus d’importance qu’aucun de ces petits détails».

Dans cette démonstration du Commandant américain, Elmo Zumwalt, j’ai surligné l’ensemble des actes qui sont directement liés à la communication interne et managériale. On y trouve, hors sacro saint digital, tous les ingrédients d’une communication interne réussie, telle qu’elle est pratiquée ou prêchée aujourd’hui :

  • Une communication inclusive, qui touche l’ensemble des collaborateurs : «tous les officiers et les hommes à bord».
  • Savoir informer et fixer un cap : «sachent de quoi il retournait et connaissent le but de chaque évolution tactique».
  • Insuffler la motivation : «soient suffisamment au courant pour partager l’excitation et le sens du défi».
  • Privilégier la pédagogie : «Nous faisions des annonces par haut-parleur pour expliquer la manœuvre en cours».
  • Soigner la communication managériale : «je discutais avec les officiers (…) et ceux-ci en parlaient, à leur tour, avec leurs hommes».
  • Multiplier des canaux de communication : «annonces par haut-parleur», «des notes écrites», «des conversations»…
  • Faire preuve de proximité et convivialité : «J’avais des conversations à bâtons rompus aux quartiers des premiers maîtres où je m’arrêtais souvent pour prendre un café».
  • Partager de l’enthousiasme et du plaisir : «Les efforts déployés pour communiquer de l’enthousiasme et du plaisir pour ce que nous faisions».

Le Commandant Zumwalt dit dans ses mémoires avoir combattu tout au long de sa carrière une idée très partagée à l’époque au sein de l’armée : l’homme doit être dirigé par la contrainte, car il est par définition en rejet de l’autorité, indigne de confiance et tir au flanc. Lui a voulu pratiquer un commandement basé sur la confiance, la motivation et l’engagement des hommes. Si sans naïveté toutefois, il savait que cette approche allait évidemment générer un effet négatif (abus de confiance, interprétation détournée de ses principes…), il avait la conviction qu’il serait marginal et que la majorité de ses hommes se comporteraient dans le sens souhaité.

Le destroyer dirigé par E. Zumwalt, porté par l’approche de ce communicant intuitif, est finalement passé de la dernière place à la première place de son escadre en terme d’efficacité en l’espace de 18 mois seulement !

Pour certains leaders, ce style de management de la communication interne n’est pas naturel et demande beaucoup d’efforts. Mais selon le militaire, « Nos techniques n’avaient rien d’extraordinaire (…) Les efforts déployés (…) avaient beaucoup plus d’importance qu’aucun de ces petits détails ». Assurément, c’est plus une question de travail que de talent !

 *«Le Prix de l’excellence», de T. Peters et R.H Waterman a été publié en 1983. Grand classique du management moderne, ce livre pose 8 règles fondamentales de l’excellence, dont celle illustrée par l’exemple du Commandant Zumwalt, la productivité par la motivation du personnel.

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Ali Alaoui Mdaghri
Ali Alaoui Mdaghri

Co-fondateur et Directeur général d’éos borealis, agence de communication éditoriale basée à Casablanca. J’agis auprès des clients de l’agence en conseil et accompagnement stratégique, élaboration de supports de communication interne ou externe, création de contenus print, digitaux, audiovisuels, brand content… Je porte un intérêt particulier à la communication interne et à la culture d’entreprise. Je suis par ailleurs membre et/ou fondateur de plusieurs associations (Association Marocaine de la Communication Interne, Planète Citoyenne, Association Sport et Nature, Association du Grand Marathon International de Casablanca…).

Publications: 3

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