Interview avec Fabian Carlos Guhl, Fondateur d’Ampion

Après avoir étudié à la Freie Universität de Berlin, à la Sorbonne de Paris et à l’école de commerce ESCP Europe, Fabian Carlos Guhl, obtient un master en International Business en 2007. Son expérience, il a pu l’acquérir ensuite à travers l’accompagnement de nombreuses start-ups mais aussi en travaillant avec la Banque Africaine de Développement, l’ONU, les PME Daily Deal, AllesAnna et MyParfuem. Il est aussi co fondateur de l’application mobile BonBons.

C’est en fait le premier Hackerbus organisé à l’époque à la Silicon Valley qui a inspiré le jeune manager. Son penchant naturel pour l’entreprenariat n’est plus à démontrer aujourd’hui. Le modèle dupliqué à une région prometteuse en l’occurrence le continent africain en est une preuve honorable. Fabian se voue, en effet, entièrement, depuis 2014, à l’activité Ampion. Parcourant les quatre coins du continent africain, son avis est édifiant à plus d’un titre. Car les enjeux économiques sont réels dans ces régions. Et les potentialités énormes.

Quand est née l’ONG Ampion et quelle est sa mission principale ?

Active depuis 2011, AMPION a organisé son premier « Venture Bus » pan-africain en 2013, en Afrique du Sud. Sa mission principale est de promouvoir l´entrepreneuriat et l´innovation technologique en Afrique, par l´implication de talents africains et internationaux dans son initiative. Concrètement, le but est de contribuer à la création de nombreuses start-ups à modèle économique viable et ayant un impact social en Afrique, qu’il soit direct (par sa proposition de valeur) ou indirect (par la création de jobs et le développement du tissu économique).

Bénéficiez vous d’un soutien gouvernemental allemand ?

Oui, nos partenaires sont le ministère de l’économie et de l’énergie (BMWi), le ministère pour la coopération économique et de développement (BMZ), et le ministère des Affaires extérieures (Auswärtiges Amt). Le conseiller privé sur l’Afrique d’Angela Merkel nous soutient également.

Pourriez vous nous présenter le concept phare que porte l’association, baptisé Venture Bus.

Designers, programmeurs et managers accompagnés par des coachs coopèrent durant 7 jours lors d´un tour en bus pour créer la start-up de leur rêve. Nous recrutons à cette occasion des participants africains et internationaux à fibre entrepreneuriale, tout comme des tuteurs venus du monde entier qui accompagnent et soutiennent les participants. Lors de ces 7 jours, nos participants bénéficient de modèles d’apprentissage mais aussi de notre réseau pour la création de start-ups technologiques. Ces dernières devant répondre aux problématiques les plus importantes du continent africain. En effet, ils auront l´occasion de découvrir les opportunités et les défis du marché africain, grâce à la visite des plateformes majeures de la région, où des événements adaptés leur permettront de rencontrer des investisseurs locaux et des entrepreneurs expérimentés. L´apogée du Venture Bus se déroule à la fin, lorsque les participants auront l´opportunité de présenter leur start-up devant un jury d´investisseurs et d´entrepreneurs de renommée. Au Maroc, cet événement se tiendra à la Shape Africa Conference à Rabat, la plus grande conférence sur les NTIC au Maroc cette année. Cette année, les Venture Bus se rendent dans 17 pays des quatre régions majeures d´Afrique.

Vous en êtes à quelle édition ?

Nous sommes à la troisième édition et cette année nous intégrons pour la première fois le Maroc.

Quels sont les critères de choix déterminant les pays où vous organisez une telle action ?

Nous choisissons primordialement les pays en fonction de nos partenariats, mais aussi en fonction des besoins et tendances que nous détectons dans les pays spécifiques. En effet, le choix de réaliser un Venture Bus au Maroc vient du fait que c´est un pays extrêmement dynamique et avancé dans le domaine des technologies vertes. Il semblait donc naturel et même nécessaire pour nous d´accroitre cette tendance et d´organiser un Venture Bus en nous focalisant sur les technologies vertes.

Comment allez-vous sélectionner les start ups ?

Ampion recrute primordialement des individus passionnés par les NTIC et l´entreprenariat. Notre organisation recherche avant tout des personnes qui ont l´ambition de créer leur propre start-up. Nous donnons la priorité à ces personnes, qui ont une expertise en programmation, management/entreprenariat et/ou en design. Autrement dit, pour avoir des équipes équilibrées, nous cherchons à recruter 50% de programmeurs, 25% de managers et 25% de designers. Les candidats sont d’autant plus valorisés s’ils se trouvent déjà impliqués d´une manière ou d’une autre dans le domaine des start-ups. C’est toujours un plus pour eux s’ils ont déjà participé à une création ou qu’ils ont participé à des hackathons, start-up-weekend ou autres événements de ce genre.

Pouvez vous nous livrer les résultats de l’année 2014 ?

Plus que 30 start-ups basées en Afrique ont été créées à l’issue de l’événement… Toutes ces start-ups ont eu l´opportunité de gagner en visibilité lors des événements finaux des Venture Bus. Ces moments ont pu coïncider en effet avec les plus importantes conférences, conventions et compétitions de présentations du continent africain pour ne citer que Transform Africa Summit, Demo Africa, AfricaCom. Les starts ups E-maji, sélectionnée parmi les 10 finalistes pour la compétition New Venture de l´école Harvard, Sterio.me qui a remporté plusieurs prix et Halt Ebola médiatisé, d’ailleurs, par CNN et The Guardian représentent de vraies success stories. De plus, AMPION est lauréat du « Global Innovation Ecosystem Award 2015» ainsi que du « Pan African Awards for Entrepreneurship in Education 2014». Nous avons également été finalistes à la compétition New Venture de Harvard.

Quelles sont les contraintes rencontrées lors de l’organisation de l’événement ?

Organiser des Venture Bus sur le continent africain n´est effectivement pas toujours très évident. Faire des demandes de visas peut s´avérer pénible pour les participants internationaux. Traverser les frontières est une entreprise délicate qui nécessite une communication rigoureuse avec les autorités locales. Et puis nous avons d´autres complications particulières qui peuvent arriver : nous avons par exemple eu du mal à attirer des participants internationaux l´année dernière pour le Venture Bus en Afrique de l´Ouest, compte tenu du fait que le virus Ebola y faisait ses ravages.

Quelles sont vos perspectives de développement ?

Parce que nous sommes conscients que soutenir les individus dans leur première phase de création d´entreprise n´est souvent pas suffisant, Ampion a l´ambition d´approfondir l´accompagnement des start-ups qui ont été créées lors du programme de Venture Bus. Nous sommes aujourd’hui en train de développer trois activités. La première sous le label, « Ampion Fellowship Program » permettra de faire bénéficier aux start-ups prometteuses de tutorat, d´un espace de travail gratuit, d´une bourse, d´entrainement et de la mise en relation avec des investisseurs pendant 6 mois. La seconde baptisée Ampion Accelerator représentera un accélérateur de projets. En cours de réalisation, ce programme sera rendu possible avec le concours de la société Merck et le soutien de l’USAID. Enfin, la dernière activité retient la formation. « Startup Insitute », sera un programme de formation à plein temps au bénéfice des jeunes pour qu’ils puissent devenir rapidement des « changemakers digitales ».

Vous pouvez lire aussi l’article réalisé par nos confrères de chez madNess à propos de l’arrivée en septembre du 1er Venture Bus au Maroc.

Ecouter Fabian Carlos Guhl, Fondateur d’Ampion sur radio Expresso (Tunisie)