Le mouvement Les Citoyens organise INSIJAM, son premier Citizen Lab
Le mouvement associatif Les Citoyens a organisé vendredi dernier INSIJAM, son premier Citizen Lab, au Studio des Arts Vivants de Casablanca.
INSIJAM a pour objectif de mobiliser une diversité de participants des sphères politique, économique, culturelle, médiatique et de la société civile autour des enjeux du Mieux Vivre Ensemble et de trois problématiques clés que sont l’Education, la Croissance et l’Emploi, la Démocratie et les Droits de l’Homme.
Il s’agit là du premier grand événement public programmé dans le cadre du plan d’action de l’association Les Citoyens, mouvement à but non lucratif, non partisan et prônant des valeurs progressistes ancrées dans les traditions nationales, au service de la proposition d’un nouveau projet de société basé sur ses valeurs fondatrices : équité et égalité des chances, progrès, respect et tolérance. Les Citoyens se veulent force de proposition par l’élaboration d’études, force de mobilisation de la société civile, et enfin force d’influence pour faire émerger des débats et participer à l’éveil des consciences.
Conçu comme un laboratoire citoyen de réflexion et de recherche de solutions, INSIJAM s’organise en une réunion plénière suivie d’ateliers.
L’événement s’ouvre sur les images de l’enquête vidéo réalisée par Nabil Ayouch. Fruit d’une centaine d’interviews menées dans plusieurs régions du Maroc auprès d’une diversité de populations, incluant les plus modestes. Ce film d’ouverture, qui s’attache à révéler leurs aspirations, leurs rêves, mais aussi leurs réelles difficultés, exprime pour partie l’optimisme qui anime encore beaucoup de nos concitoyens prenant en main leurs destinées mais aussi la vision presque désespérée de nombre de Marocains confrontés à une société qui semble paralysée. Des capsules thématiques introduisent par la suite les différentes séquences de la réunion.
Suit la présentation face au public du mouvement associatif Les Citoyens par quatre de ses membres (la dirigeante d’entreprise Ghita Lahlou, le journaliste Abdallah Tourabi, la consultante Laila Bennis et l’entrepreneur social Adnane Addioui) et l’introduction des trois axes de travail de l’association qui seront traités sous la forme de tableaux proposant des rencontres en miroir, conduits avec passion par Thami Ghorfi, maître de cérémonie.
Ainsi sont mises en relation des expériences macro internationales et des expériences micro locales, illustrées de témoignages terrains en vidéo. De grands intervenants internationaux du Sud, les « inspirants », aux parcours et aux expériences riches, sont confrontés à des acteurs de terrain marocains engagés et créatifs.
Sur ce principe, Seema Bansal, directrice associée du Boston Consulting Groupe Inde et spécialiste de l’Education et du Développement social, témoigne de la stratégie mise en œuvre auprès de l’Etat d’Haryana pour la transformation de son offre éducative publique.
En vis à vis, le témoignage d’Ahmed Mrabet, directeur de l’école Hajrat Nhal, dans la région de Tanger, illustre comment, avec les moyens du bord, une pédagogie innovante permet d’édifier un modèle inédit d’éducation accessible à tous.
Venue du Nigéria, Ndidi O. Nwuneli est l’une des grandes figures de l’entrepreneuriat féminin en Afrique, désignée Young Global Leader par le Forum Economique Mondial. Son intervention promeut avec conviction les possibles modèles de croissance durable et de création d’emplois dans une Afrique en phase d’émergence.
Elle est suivie du témoignage de Rachid Mandili, qui s’est lancé le pari fou il y a 20 ans de transformer le douar berbère dont il est natif en village autonome où il fait bon vivre, et d’Ahmed Benabadji, fondateur des Open Villages, parti à travers la planète, avec son épouse et ses cinq enfants, à la rencontre de communautés rurales qui ont fait le choix du développement durable.
Intervenant sur le thème de l’Etat de droit et de la cohabitation des droits universels fondamentaux et des préceptes de l’Islam, Ghazi Gheraïri est professeur de droit constitutionnel et ambassadeur de Tunisie auprès de l’UNESCO. Il a été propulsé au devant de la scène par la révolution tunisienne en devenant l’un des acteurs du Dialogue National ayant conduit à la nouvelle constitution du pays qui prévoit notamment le droit à la liberté de conscience. A ses côtés, Aïcha Ech Chenna, présidente de l’association Solidarité Féminine, témoigne des tabous persistants et du rejet social dont font toujours l’objet les mères célibataires et leurs enfants.
Chaque tableau est introduit par de courtes séquences théâtrales portées par trois personnages : la jeune écolière Marwa, l’étudiante Majda en recherche d’emploi et l’actrice Amal Ayouch incarnant la femme marocaine dans sa diversité.
La séance plénière est conclue par l’intervention exceptionnelle de Mo Ibrahim, entrepreneur anglo-soudanais et militant pour un nouveau leadership d’excellence en Afrique fondé sur les principes de bonne gouvernance. Un prix annuel de 5 millions de dollars, financé sur sa fortune propre, récompense ainsi les dirigeants du continent qui s’illustrent sur cette voie tandis que la fondation publie également l’indice Ibrahim de la gouvernance africaine, qui établit un classement des performances réalisées par les 54 pays du continent.
Après un déjeuner interactif sur place, la journée se prolonge autour de workshops organisés avec la participation active d’invités sélectionnés et préinscrits sous le mentoring des « inspirants » sur les thèmes tels que la motivation des enseignants, l’empowerment et le leadership féminins, la démocratie participative au Maroc, l’entrepreneuriat comme réservoir d’emploi, la création des métiers alternatifs de demain par l’innovation sociale…
L’objectif est la mise en perspective des thématiques traitées le matin dans le contexte marocain et de favoriser l’émergence d’idées pour l’élaboration de « livres blancs ». Egalement au programme, un atelier initié et animé par l’artiste Mahi Binebine aborde ce que pourrait être une stratégie pour la culture, levier de développement pour le Maroc.
Enfin, le programme s’achève en toute convivialité par un cocktail de célébration animé par plusieurs intermèdes artistiques. Les jeunes virtuoses du projet social Mazaya, initié par la Fondation Ténor pour la Culture, et les percussionnistes du groupe Africa Vibes, venus du centre culturel Les Etoiles de Sidi Moumen, clôturent ainsi dans l’émotion et dans la joie cette belle journée d’échange, de débat et d’inspiration.