Réda Berrehili : Portrait d’un startuper qui réussit
A 30 ans, le jeune homme né à Casablanca a récemment levé 3 millions d’euros avec Squarebreak, sa société spécialisée dans les locations de vacances. Portrait d’un pionnier marocain dans l’univers des start ups.
Réda Berrehili est né en 1987 à Casablanca, où il a vécu jusqu’à ses dix-huit ans dans un appartement du quartier de Benjdia. A deux pas de l’immeuble Liberté, le garçon se révèle très tôt un féru d’informatique. A la fin des années 1990, alors que les premiers navigateurs web et les sociétés pionnières, comme Yahoo, Amazon, Netscape et AOL, suscitent un engouement mondial, le garçon réalise à l’âge de douze ans son premier site Internet, dédié aux Pokémon. “J’étais un fan de jeux vidéos mais j’ai très vite eu l’envie de réaliser mes propres jeux. J’ai donc quitté l’univers des consoles pour rejoindre celui des ordinateurs. Je préparais les pages web chez moi et je partais ensuite dans un cybercafé avec mes disquettes pour uploader le site. C’est comme ça que tout a commencé”, raconte Réda, qui, en plus de maîtriser les rouages du langage HTML e PHP, se révèle un excellent communicant. Pour faire la promotion de son site, il n’hésite pas à écrire à Nadia Larguet, présentatrice de l’émission Entr’act, qui fait alors fureur à la télévision. En quelques semaines, le site double sa fréquentation. Une première réussite qui marque définitivement les choix de carrière de Réda.
L’aventure MixoTV
Après un baccalauréat scientifique au Lycée Al Jabr à Casalanca, Réda poursuit en 2005 ses études en France et plus précisément à Lyon, où il rejoint l’Institut national des sciences appliquées. Au cours de son cursus, l’adolescent réalise des stages chez Solucom et Allmyapps et cofonde en 2010 la société éditrice Tumbup, avec laquelle il conçoit un moteur de recherche à vocation sociale. Remarqué dans le milieu des startupers, Réda, diplôme d’ingénieur en poche, lance trois ans plus tard MixoTV, le premier guide de programmes télévisés social et personnalisé. Le succès est immédiat. L’application, qui permet de consulter des films qui répondent aux attentes de l’internaute et de ses “amis”, séduit plus de 60 000 personnes et permet à Réda de faire la rencontre du serial entrepreneur Frédéric Montagnon, cofondateur d’OverBlog, qui investit ainsi que d’autres business angels et institutionnels 400 000 euros dans le projet. Le business angel, qui perçoit le potentiel du jeune homme, l’oriente vers une cible plus gourmande en technologies sociales : les médias. Avec succès. Le jeune homme, qui rejoint Paris, travaille alors pour TF1 et Canal+, pour lesquels il développe des outils de recommandations à destination des utilisateurs des services de VOD. Bien qu’enrichissante, l’expérience des grands groupes ne fait que confirmer à Réda les conseils de Montagnon. “Il m’a toujours dit : ne perd pas ton temps avec les grosses boîtes, leur temps de décision est trop long. Pour un startuper, la rapidité et la souplesse sont primordiales”, confie-t-il.
De timing, il est justement question quelques années plus tard, en 2016, quand Réda réussit un coup de maître : lever 3 millions d’euros auprès d’Accor Hotels pour financer SquareBreak, aujourd’hui leader Européen de la location de maisons de vacances avec service hôtelier. CoFondateur et CTO de l’entreprise, le trentenaire est convaincu que le calendrier joue en sa faveur. “Les touristes sont à la recherche d’expériences de voyage uniques. Avec Squarebreak, nous avons réussi à proposer le modèle de la maison hôtelière qui allie authenticité et standards de qualité avec tous les moyens technologiques et logistiques pour parvenir à créer une offre unique avec une maison de vacances qui propose les mêmes standards que les plus grands hôtels.”
Et le Maroc dans tout ça ? “Le marché marocain a une appétence pour tout ce qui est technologique avec trois domaines dans lesquels il est pertinent d’investir : la transition énergétique, grâce à laquelle nous pouvons devenir des leaders mondiaux, l’agriculture et les services.” “Mais le potentiel du marché atteignable par les entreprises technologiques dans le pays est encore trop limité. C’est lié à un problème de fonds, de projets et d’environnement. Par exemple : Il n’y a pas d’App Store au Maroc, or c’est une condition sine qua non à l’ouverture du marché applicatif”, ajoute celui qui cite Elon Musk comme son plus grand modèle. “De la transition énergétique à l’interface homme-machine, en passant par la conquête spatiale, cet homme a travaillé sur tous les sujets dont je rêvais quand j’étais gamin. J’espère avoir le même parcours et créer des projets qui soient en mesure d’apporter de la valeur ajoutée à mon pays, le Maroc, et au monde entier.”