S’inspirer des TED Talks pour réussir ses présentations

Selon Mintzberg, un manager passe 78% de son temps à communiquer verbalement. Pour le faire bien, et si on inspirait des meilleurs orateurs des TED Talks ?

Selon les travaux de Henry Mintzberg, un manager passe 78% de son temps à communiquer verbalement, alors autant essayer de le faire bien ! Qu’il s’agisse de faire une présentation devant un client important, de défendre un projet de création d’entreprise ou tout simplement de briefer une équipe projet, il vous faut trouver le mot, l’image et la posture justes. Et si on s’inspirait des TED Talks ?

TEDx, c’est quoi ?

TED (Technology, Entertainment, Design) est une marque fondée en 1984 par l’architecte Richard Saul Wurman. Elle désigne alors le format d’une unique conférence, organisée à Monterey (Californie) par les « digetari » (élite des gourous des nouvelles technologies) et où furent notamment présentés le MacIntosh d’Apple et le CompactDisk de Sony. Cette première conférence n’attire que quelques spectateurs, et il faudra attendre 1990 pour voir le format réapparaître comme un double événement annuel, à Long Beach et à Palm Beach, toujours en Californie. La marque est cédée en novembre 2001 à Chris Anderson, ancien journaliste anglais et éditeur du magazine informatique Future Publishing.

Réussir présentations TED Talks

L’accent initial de TED était mis sur la technologie et l’innovation. TED a depuis élargi son champ à des sujets artistiques, scientifiques, culturels, sociétaux… Parmi les intervenants prestigieux, on trouve Bill Clinton, Bill Gates, Jane Goodall, Al Gore, Bono, Larry Page et de nombreux lauréats du Prix Nobel. Ils font de TED un « Davos » de l’innovation sous toutes ses formes.

Réussir présentations TED Talks

La principale conférence TED se tient désormais à Vancouver, pendant que sont apparues des conférences dans d’autres villes du monde, des conférences courtes composées autour du slogan « 18 minutes to change the world ». A mesure que TED s’est imposé comme une marque planétaire, d’autres programmes se sont développés et le slogan de TED est devenu « Ideas worth spreading » (« Des idées qui valent la peine d’être propagées »).

Pourquoi une présentation « comme à TED » ?

Simon Sinek a construit sa renommée planétaire grâce à la vidéo de son talk en 2009, vue plus de vingt millions de fois sur le site TED.com. Si la vidéo est un modèle de présentation, avec un discours et une mise en scène sans fioriture, elle nous enseigne surtout que, ce qui fait des leaders des leaders, c’est leur capacité à communiquer non pas sur le « quoi », c’est-à-dire les produits, les caractéristiques factuelles, les plans d’action ou les aspects rationnels en général, et encore moins sur le « comment » mais bien sur le « pourquoi », c’est-à-dire sur ce qui correspond à l’essentiel, au but fondamental, à une conviction profonde. Si vous parvenez à faire adhérer votre audience à une vision, elle voudra naturellement en savoir plus sur votre idée, voire sur votre produit. Commencez par « pourquoi » et votre message sera fort et clair, vous aurez gagné le cœur du public !

Quatre principes pour vous aider à préparer votre préparation

Vous savez maintenant que vous devez capitaliser sur le « pourquoi ». Mais comment allez-vous vous y prendre ? Comment allez-vous procéder pour vous faire accepter, écouter, aimer peut-être de votre public ? Voici les 4 principes inspirés de nombreux TED Talks :

#1. Commencez par le pourquoi

Pourquoi prendre la parole ? Faites de votre vision et de votre objectif un fil conducteur tout au long de votre présentation. Rappelez-vous Simon Sinek (« Start with Why ») et Chris Anderson qui se demande « What Makes a Great Talk” : qu’est-ce qui fait que quelque chose se passe (ou ne se passe pas !) lorsqu’un cerveau passe, par la magie d’une communication, une idée unique à d’autres cerveaux. Au cœur de son message se trouve l’idée qu’il faut avoir quelque chose à dire, un vrai message… digne d’être transmis.

#2. Incarnez votre message

Incarner le message signifie le démontrer en le vivant, en le disant. Adaptez votre comportement, et notamment vos émotions, avec votre discours. Vous devez donc vous appliquer à soigner l’éloquence, le jeu oratoire pour toucher le public, mais aussi ce qu’on appellerait au cinéma l’écriture du scénario, illustré de quelques effets de mise en scène.

En un mot, de la théâtralité !

Car notre cerveau ne retient que ce qui est marquant, même un discours clair et bien présenté peut finalement ne laisser aucune trace sans mise en scène, illustrations, présence… et nombre de nos échecs en matière de présentations viennent souvent du manque de maîtrise de cet art oratoire.

A ce titre, le TED Talk de Stéphane André, directeur d’acteurs et de chanteurs lyriques, fondateur de l’école de l’art oratoire est riche d’enseignements.

Stéphane André entre en scène et passe quinze secondes à… ne rien dire du tout. Il regarde son public. Quinze secondes de silence, c’est très très long, mais on comprend alors combien tout commence, en scène, par un regard. Un regard qui permet à l’intervenant de prendre conscience de l’audience et au corps de se redresser naturellement pour gérer d’instinct trois choses : le choix des mots, le ton et le rythme de sa parole. Le regard, le dos et la voix (« le système RDV » de Stéphane André) se mettent alors au service du personnage, qui sert à son tour un message.

Votre rôle d’orateur consiste donc aussi à transmettre un message par l’émotion, et non pas seulement à présenter un raisonnement rationnel. Mais parmi toutes les émotions à disposition, il faut être dans le ton en choisissant les émotions appropriées. Ken Robinson pratique l’humour avec beaucoup d’aisance dans ce qui est l’un des TED Talks les plus vus de la planète, sur la créativité et la pédagogie.

#3. Défendez un seul message

Mais à quoi sert d’attirer l’attention par le corps et l’émotion si cela ne permet pas d’être compris ? Trouvez donc votre message et défendez-le pour que votre audience l’accepte, se l’approprie, et se prépare à agir à partir de ce message. Nous arrivons ici au « comment » : comment concevoir le contenu unique, émotif, d’une intervention ? Raconter une histoire ou des histoires, savoir les choisir, les structurer est essentiel.

Voyons ce que doit prendre en compte le récit pour être une histoire qui touche son public. Inspirons-nous ici d’un TED Talk de référence, celui animé par Andrew Stanton en 2013, sur la créativité et l’art du scénario. Stanton est un scénariste renommé, deux fois oscarisé, pour Le Monde de Nemo et Wall-E.

Qui de plus légitime pour expliquer ce qui fait une bonne histoire ? 

  • Public : le public est la première priorité du présentateur. Le public doit s’impliquer émotionnellement, intellectuellement dans la l’histoire, qui doit être faite pour lui, pour lui donner envie de savoir, de s’impliquer, de s’engager dans ce qui est dit. Pour cela, la connaissance du public est essentielle.
  • Attentes : comment réussit-on à engager le public ? en créant des attentes, et en y répondant. Une bonne histoire fait une promesse : on la tient ensuite en présentant les bons arguments, chiffres, témoignages, statistiques, storytelling !
  • Rêve : l’émerveillement est un levier d’engagement puissant. La présentation doit permettre une vision idéale, radicale ou en rupture, à travers des chiffres ou des réalisations techniques.
  • Fin : Que voulez-vous que votre audience retienne ? Rédiger sa conclusion, et s’en servir pour son introduction, peut se révéler une aide importante quand il s’agit de préparer sa présentation. Et si l’écriture commençait par la fin ?
  • Absence : C’est la théorie du 2+2 de Stanton (« The audience actually wants to work for their meal” – le public est en réalité prêt à faire des efforts pour obtenir ce qu’il veut). Donnez donc 2+2, et non pas 2. Organisez des absences d’information, des « trous » à reconstituer. Le public additionnera lui-même. Laissez-le anticiper, deviner, faire sa part de travail. C’est à ce prix qu’il adhère et a envie de connaître la suite. Qui a dit que pour transmettre la connaissance tout devait être prédigéré ?
  • Incertitude : comment maintenir l’intérêt du public ? L’histoire doit être imprévisible et induire des éléments de surprise. Le speaker en entreprise pourra le faire en jouant sur la nature des illustrations, des anecdotes, des exemples et aussi sur son jeu oratoire.
  • Transgression : Si une présentation ou un scénario réussis obéissaient à des règles précises, ils seraient vite totalement barbants. C’est la transgression des règles qui permet de renouveler l’intérêt, comme l’explique Declan McCavanna, qui coache les politiques à répondre aux questions des journalistes, dans son plaidoyer contre le conformisme. Son TED Talk est lui-même anticonformiste !

#4. Pratiquez

J’aime penser qu’il existe un contrat implicite entre le présentateur et son public : l’orateur doit jouer son personnage, délivrer son message, ce qui exige qu’un véritable travail de préparation soit fait. Le public écoute et décide s’il l’adopte. Dans How to Master the Art of Selling (2005), Tom Hopkins conseille : “Practice, Drill and Rehearse” (Pratiquer, s’entraîner et répéter). Selon le temps dont vous disposez, de quelques minutes à plusieurs semaines, vous devez travailler votre message, en ne perdant pas votre point focal, votre message central, votre « pourquoi ».

En ne vous préparant pas,
vous vous préparez à échouer. 

Benjamin Franklin

Visez donc à tout travailler : votre éloquence, le texte, le support, le message… car, une fois devant votre audience, vous serez tout à tour auteur, acteur et même un peu metteur en scène. Ce travail de préparation devra, en plus, se faire oublier le moment venu, face au public. Car si l’on entend par « préparation » le fait de répéter mot à mot le discours avant et de le jouer sans s’occuper du public, on se prendra les pieds dans le tapis, car l’audience aura l’impression d’une récitation.

Ah, les slides !

Une fois que votre scénario est en place, comment construire votre support ? C’est là qu’on se heurte au paradoxe des slides : très souvent, un manager n’a que le temps de se consacrer au support de sa présentation (ses slides PowerPoint), passant directement de l’idée aux slides PowerPoint, sans penser aux effets. C’est alors le slide qui conduit le présentateur, et non l’inverse.  

Et d’ailleurs, qui a dit que vous aviez besoin de slides pour vos présentations ? Tout message qui vaut la peine d’être diffusé peut s’exprimer SANS SLIDE, MEME EN ENTREPRISE. Les TED Talks les plus célèbres sont sans support, comme ceux de Ken Robinson, voire faire au paperboard, à l’ancienne, comme ceux de Simon Sinek. Tout dépend du contexte, des moyens, et aussi de votre message : vidéos, accessoires, jeux de lumière ou sonores, effets spéciaux ou rien du tout sont à votre portée.

TED2

C’est Michael Porter, pape de l’enseignement de la stratégie à Harvard, qui nous en fournit le meilleur contre-exemple : dans son TED Talk de 2013, il défend la thèse que c’est vers l’entreprise privée que doivent se tourner les gouvernements pour résoudre les désordres sociaux. Beaucoup d’affirmations, peu de preuves, une voix mal assurée, beaucoup de gesticulations et, pour enfoncer le clou, des slides qui ne racontent aucune histoire. Décevant de la part d’un si grand monsieur…

Si vous ne pouvez malgré tout pas vous passer des slides, et que vous êtes un vrai créatif, alors allez-y ! Hans Rosling nous démontre, dans son Talk de 2006 (à une époque où TED était encore tout petit…), comment on peut admirablement tirer parti d’un outil de présentation pour développer un véritable concept. Et la présentation des données démographiques prend alors des allures de partie d’échecs.  

Que faire du trac ?

Les mains moites, la bouche sèche, la boule au ventre…

Toute présentation est anxiogène et ne pas vous préoccuper du trac pourrait saborder votre présentation. Votre rôle de présentateur consiste donc à ne pas ignorer le trac, à ne pas chercher à le dominer mais à vous adapter à ces signaux de lutte ou de fuite que le « mammifère primitif » en vous (dixit Michael Cho) déclenche de façon automatique.

Ce qui ne veut pas dire que le trac est naturel ! Dans son ouvrage Le Secret des Orateurs, Stéphane André explique qu’il devait donner un cours d’expression orale en anglais et devant un public professionnel. Soucieux de se produire en anglais, il craignait aussi d’avoir du mal à trouver des volontaires au moment des exercices pratiques. Or, ce jour-là, une foule de volontaires se précipita vers l’estrade ! Tous les participants étaient nigérians et, visiblement, parler en public était pour eux un plaisir et non un calvaire. Certains systèmes éducatifs nous rendent timides et associent l’exercice de la prise de parole au jugement sévère des autres, à la peur de se tromper, d’être mal notés et rejetés.

L’exemple le plus flagrant d’une mauvaise gestion du trac est celui du présentateur qui présente ses slides le cou tordu à 90° sans jamais regarder son public. Le support devient alors une béquille contre le trac ou le risque de trou de mémoire, mais ne propose qu’une solution de fuite : l’intervenant traverse son épreuve mais il ne communique pas vraiment et le public ne retient rien – c’est souvent une cause de l’ennui et du désengagement de l’audience dans les réunions !

Les pratiquants d’arts martiaux ou les maîtres du yoga apprennent à calmer leur esprit par des techniques de respiration profonde et lente. C’est une excellente manière de se préparer physiquement et mentalement, au même titre que toute une série de méthodes (les mains occupées, les postures, la PNL) qui fonctionnent depuis la nuit des temps. Les exercices vocaux de Julian Treasure, partagés lors de son TED Talk en 2013 à Edinburg, vous aideront également à combattre votre stress et à faire face à l’imprévu – un rétroprojecteur qui plante, une panne de courant, un trou de mémoire… soyez prêt à improviser !

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Mahja Nait Barka
Mahja Nait Barka

Diplômée de SKEMA Business School (ESC Lille) en Management et Marketing International, Mahja NAIT BARKA bénéficie de douze années d'expérience dans le marketing stratégique, le e-commerce, le webmarketing et les RP, au Maroc et en France. Multilingue, multiculturelle, multi-spécialiste, Mahja capitalise une expertise transversale, acquise en agence, au sein ou à la tête de Directions Marketing, dans le cadre de missions de consulting ou de ses activités de créatrice d’entreprise et est Présidente de la Commission 'Communication & Digital' au sein de l'AMMC (Association Marocaine du Marketing et de la Communication).

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