Youssef Lemrini, Fondateur de Manageo

Manageo lance la deuxième version de sa solution de gestion d’entreprise. La plateforme Manageo a été enrichie de nouvelles fonctionnalités pour mieux répondre aux besoins des TPE et PME marocaines. The Rolling Notes (TRN) a eu l’occasion de rencontrer Youssef Lemrini, le fondateur de Manageo. L’occasion pour nous de revenir sur son aventure entrepreneuriale. Entretien.

Vous avez lancé récemment la deuxième version de Manageo. Quelles sont les nouveautés de la plateforme ?

Tous les éditeurs sortent régulièrement des nouvelles versions de leurs logiciels. Ces dernières apportent de nouvelles fonctionnalités mais permettent également de résoudre les éventuels bugs et de renforcer la sécurité. Dans la même logique, nous avons opéré, par le passé, plusieurs mises à jour dans la plateforme jusqu’à 2017 où nous avons décidé de tout refaire. Une start-up c’est un produit et un marché. On lance le produit et on voit le retour des utilisateurs, on adapte, on corrige, on pivote jusqu’à tomber sur le produit parfait qui répond aux besoins des utilisateurs finaux.

Notre développement commercial, nous a permis de valider le produit mais aussi de détecter son potentiel et ses limites. Nous avions donc tous les éléments pour refaire un produit parfait, d’un standard international, basé sur des nouvelles technologies et qui pourra accompagner notre développement technique mais aussi des centaines et des milliers d’utilisateurs.

Donc cette nouvelle version n’est pas uniquement une évolution technique mais stratégique. C’est le fruit de plusieurs mois de travail pour une équipe de développeurs expérimentés qui ont confronté à des problèmes de scalabilité, de performance et sécurité.

Comment accompagnez-vous concrètement TPE et PME marocaines ? Et comment participez-vous à leur transformation digitale ?

Je dis souvent que le premier client de Manageo, c’est moi. Je ne suis pas issu d’une école de commerce ou de management et je n’ai pas de formation en comptabilité et en finance. Je suis le client parfait de Manageo. (Depuis, avec la pratique, ça a changé 😊)

Au départ, la vision était de créer un outil de gestion pour des gens qui sont passionnés par leur métier mais pas par la comptabilité, la facturation et toutes les autres tâches en dehors de leur cœur de métier.

Manageo est un outil qui impose une méthodologie de travail. Il faut créer une fiche client avec certains champs obligatoires, il faut créer un devis qui sera systématiquement lié à un client existant dans la base, puis le convertir en facture, puis mettre en place des rappels pour le recouvrement. A la fin de la journée, sans le savoir, vous (ou vos collaborateurs) avez exécutez plein de process et vos rapports de suivi sont à jour.

Vous êtes une TPE/PME qui apprend et applique les meilleures pratiques de la gestion sans aucune connaissance en comptabilité, en marketing ou en finance. C’est ça Manageo ! Vulgariser la gestion d’entreprise, faire monter en compétences les entrepreneurs et leurs collaborateurs.

D’ailleurs, mis à part la plateforme, nous avons une équipe de support qui accompagne les utilisateurs. Aussi, nous publions régulièrement des guides et des conseils dans les thématiques traités par la plateforme (Marketing, Techniques de vente, Gestion commerciale, Trésorerie, Stock…)

Quel est votre plan de développement et vos prochains challenges ?

Le plan de développement c’est faire 1.000 clients. Le prochain challenge c’est faire 5.000 ! Mais ce n’est pas juste une histoire de quantité. Aujourd’hui, nous avons des centaines de clients et nous veillons à leur satisfaction. Le challenge n’est ni technique, ni commercial. Aujourd’hui, si nous n’avons pas 1.000 clients, c’est parce que nous ne sommes pas encore structurés pour les gérer.

Notre travail quotidien consiste à mettre en place les systèmes nécessaires pour que l’entreprise puisse croitre en même temps que la qualité du produit et du service. Ça, c’est un vrai challenge quotidien.

Le nombre de clients suivra.

Où en êtes-vous au sujet des levées de fonds ?

Nous avons fait une première levée de fonds de 2 millions de dirhams avec Maroc Numeric Fund, fin 2016. Nous avons fait le pari d’investir dans la nouvelle version car nous croyons dans le potentiel de notre projet.

Actuellement, nous sommes une entreprise rentable. Nous n’envisageons pas une autre levée de fond pour l’instant car nous gérons la croissance de notre entreprise et cela prend du temps. Mettre des process est consommateur de temps et non de ressources financières.

Il y a un proverbe que j’adore qui dit «9 femmes ne font pas un bébé en 1 mois». Le jour où on aura 1.000 clients et que nous serons structurés correctement, on pourra éventuellement envisager une levée de fond pour passer de 1.000 à 5.000. Entre temps, nous nous concentrons sur le business développement.

Si on revient en arrière, qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer ?

Après mes études, j’ai travaillé pendant 1 an dans une entreprise à Barcelone. Puis, quand je suis rentré au Maroc, nous avons créé la filiale à Casablanca. J’avais 24 ans et j’étais ingénieur informatique de formation. Autant dire que je n’avais aucune idée de comment gérer une entreprise : facturation, comptabilité, TVA, CNSS … Je ne vous cache pas que c’était la partie la moins agréable et la plus pénible de cette expérience.

J’étais familier avec les logiciels en ligne donc je jonglais entre différentes solutions françaises et américaines pour répondre aux différents besoins de suivi et de reporting à la maison mère. Quand je ne trouvais pas, j’utilisais Excel comme tout le monde. Au fil du temps, j’ai rencontré d’autres entrepreneurs qui partageaient les mêmes besoins. Les TPE n’ont pas les compétences, ni les ressources financières pour faire appel aux intégrateurs de solutions connues mais destinées aux PME/GE.

J’ai également fait un master en Business Intelligence où j’ai découvert les ERP et les outils de reporting : SAP, Orable JD Edwards, Business Object… J’ai trouvé ça passionnant ! A 30 ans, j’avais le choix entre devenir consultant fonctionnel dans une SSII ou me lancer dans l’entreprenariat. J’ai décidé de développer un ERP pour mettre ces outils et ces connaissances à disposition des petites entreprises qui constituent quand même plus de 90% du tissu économique marocain.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontré dans cette aventure entrepreneuriale ?

Je garde un souvenir assez exceptionnel de la première année où je m’étais lancé. J’ai passé plus d’un an à développer, chez moi. Je faisais ce que j’aimais toute la journée. Une des meilleures années de ma vie.

Après les difficultés, il y en a eu. D’abord personnelles : la solitude, ça me manquait d’aller au bureau juste pour voir des gens. L’absence de revenus. Pendant, les deux premières années. Je suis marié et j’ai deux enfants. Sans le soutien de ma femme et de ma famille, je n’aurai rien pu faire.

Ensuite des difficultés liées à l’activité : financement, ressources humaines. Le quotidien de tout entrepreneur au Maroc 😊

Quels seraient les trois conseils que vous donneriez à un jeune entrepreneur ?

L’écosystème a beaucoup changé depuis 2015. Moi j’ai pu bénéficier du programme Réseau Entreprendre Maroc et d’un financement de Maroc Numeric Fund. Aujourd’hui, il y a plus de programmes d’accompagnement, de fonds d’investissements et de financements disponibles. Il n’a jamais été aussi simple d’entreprendre au Maroc.

Les trois conseils que je pourrai donner à un jeune entrepreneur ne concerne donc pas l’aspect de financement mais plus la personnalité de l’entrepreneur lui-même :

  1. Volonté : Voulez-vous vraiment créer une entreprise ? J’insiste parce que j’en vois beaucoup qui se lancent parce que c’est cool. Il faut avoir conscience que c’est difficile, que vous ne verrez plus vos amis, que vous verrez de moins en moins votre famille, que vous n’aurez plus de temps pour vous, et probablement pas de salaire les premières années. Si malgré tout ça, vous voulez vraiment vous lancez alors faites-le !
  2. Capacité d’apprentissage : Au début, un entrepreneur c’est la personne qui fait le marketing, le commercial, le designer, le développement, le comptable, le service après-vente et le coursier jusqu’à ce qu’il ait les moyens de recruter les autres. Vous ne devez pas avoir peur d’apprendre de nouvelles compétences. Vous n’avez jamais vendu de votre vie ? Jamais géré de campagne Facebook ? Jamais fait de bannière ? Ce n’est pas grave, c’est le moment d’apprendre.
  3. Persévérance : Soyez ambitieux et persévérant. Les choses n’avanceront peut-être pas aussi vite et aussi bien que planifié. Persévérez, trouvez d’autres chemins et travaillez jusqu’à ce que vous y arriviez. Si vous êtes passionné par ce que vous faites, vous apprécierez l’aventure.

Bon voyage !

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