Covid-19 : Entretien avec Abdelkhalek Zyne, CEO d’equity

L’agence equity publie la première étude Social Listening sur les Marocains et le Coronavirus.

L’agence equity publie la première étude Social Listening sur les Marocains et le Coronavirus

L’agence digitale equity, spécialisée dans les réseaux sociaux, la veille, le management de la réputation et la communication de crise, publie la première étude Social Listening sur les Marocains et le Coronavirus.

Réalisée avec l’aide des plates-formes de veille Visibrain et Talkwalker, l’étude prend pour point de départ le 13 mars 2020, date de l’annonce de la fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées et universités et s’étale jusqu’au 12 avril 2020, soit un mois d’observation du sujet du Coronavirus sur les réseaux sociaux marocains.

Durant cette période, les Marocains ont publié, selon l’étude, 167.705 posts (+ 81 % par rapport au 30 jours précédents) et 4,5 millions de commentaires (+86%) sur Facebook. Sur Twitter, ils ont posté entre le 13 mars et 12 avril 2020, 313 871 tweets et retweets (+80% par rapport aux 30 jours précédents).

La donnée extraite a été par la suite traitée grâce à l’intelligence artificielle par les experts Réputation & Data Science de l’agence. Objectif : cerner le vécu des Marocains sur les réseaux sociaux, leurs émotions et les sujets de conversation qui les animent. 

Dans cet entretien exclusif, Abdelkhalek Zyne, CEO de l’agence equity, revient sur le cadre de l’étude et ses principaux learnings.

Comment est venue l’idée de réaliser cette étude ?

Avec le Coronavirus, le Web social est devenu le réceptacle privilégié de l’expression des Marocains. De par notre activité de conseil en Management de la Réputation, veille et gestion de crise, nous sommes des témoins quotidiens des conversations des Marocains sur les Réseaux Sociaux.

Au vu de la crise sanitaire et économique inédite que nous traversons, nous avons donc décidé de monitorer le sujet. Quel contenu publient les Marocains sur le Coronavirus ? Que partagent-ils ? Quelles sont leurs émotions ? 

Pour cerner leur vécu, leurs interrogations et leurs préoccupations quant au déroulement et aux conséquences de la crise actuelle, l’équipe Social Intelligence Analytics d’equity a analysé l’ensemble de la donnée publique générée par les internautes marocains durant un mois sur Facebook et Twitter, soit du 13 mars 2020, date du communiqué du Ministère de l’Education Nationale annonçant la fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées et universités jusqu’au 12 avril 2020.

Après extraction via les logiciels de Social listening, Visibrain et Talkwalker, les données ont été traitées par l’équipe de veille et d’E-Réputation d’equity grâce à l’Intelligence Artificielle et à l’analyse humaine.

Quels en sont les principaux résultats ?

Au vu de l’évolution du sujet dans les conversations des Marocains, nous distinguons clairement trois phases dans l’évolution du sujet du Coronavirus sur les réseaux sociaux.

La première phase est celle de l’insouciance. Dès le 1er décembre 2019, les médias marocains commencent à relayer les premiers articles sur le Coronavirus qui frappe alors la ville de Wuhan en Chine. Conformément à « la loi-kilomètre» qui veut que l’on ne s’intéresse qu’à ce qui est proche de chez soi, l’opinion publique marocaine suit de très loin l’évolution de l’épidémie. Il faudra attendre le 27 janvier 2020 et la décision royale de rapatrier les étudiants marocains bloqués à Wuhan pour constater les premiers intérêts pour le sujet sur les réseaux sociaux. Bien que les médias nationaux relayent quotidiennement la propagation mondiale du virus notamment en Europe, devenue épicentre de l’épidémie, une forme d’insouciance continue de dominer chez les internautes. Un premier frémissement des réseaux sociaux marocains est enregistré avec la déclaration du premier cas en Algérie le 25 février 2020. L’épidémie est proche. Le 2 mars 2020, le premier cas de contamination est officiellement déclaré au Maroc, un Marocain venu d’Italie. Pour l’opinion publique, le Coronavirus ne frappe alors que les MRE venus d’Europe et les touristes.

La deuxième phase est celle de la prise de conscience : elle est brutale et nous le constatons à travers un pic du volume des conversations. Le 13 mars 2020, le Maroc prend de court ses concitoyens et décide de fermer crèches, écoles, collèges, lycées et universités « jusqu’à nouvel ordre ». C’est à partir de ce jour-là que l’opinion publique bascule et mesure le danger. Les volumes des conversations explosent ! La descente des forces de l’ordre et des autorités locales dans l’espace public pour faire respecter le confinement marque le deuxième électrochoc de l’opinion publique.

La troisième phase dans la crise est celle de la mobilisation : Elle démarre avec la création, le 15 mars 2020, sur décision royale, du fonds de lutte contre la pandémie du Covid-19. Le vent de solidarité qui souffle depuis sur le pays va se traduire par plusieurs initiatives en termes de dons en numéraire, en nature et en projets innovants comme la production de masques ou de respirateurs 100% Made in Morocco.

Je voudrais terminer en soulignant l’engagement des internautes, particulièrement des jeunes, très présents sur Facebook, pour le « stay home ». Ils ont rivalisé d’ingéniosité en termes de contenu pour pousser cet hashtag au maximum durant ce premier mois de la crise. C’est également le cas sur Twitter où nous notons une forte présence des médias.

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Abdelkhalek Zyne, CEO d’equity.

— Quels sont les sentiments qui dominent chez les Marocains sur les Réseaux Sociaux autour du sujet du Coronavirus ?

Nous constatons une vague en millions de cœurs et de pouces bleus qui saluent la gestion de crise anticipatrice et inspirée du Coronavirus sous la houlette des plus hautes autorités du pays. C’est très rare à l’échelle des réseaux sociaux, marqués par une culture de la défiance à l’égard des gouvernants, de trouver une telle convergence.

Le travail des médecins et des soignants des hôpitaux et la multiplication des initiatives de solidarité sont également salués par des millions de likes et de cœurs.

En troisième sentiment vient la tristesse. La tristesse de voir mourir des Marocains du Coronavirus. Les chiffres du Ministère de la Santé sont très suivis sur les réseaux sociaux.

Enfin, de temps en temps, pointe l’humour, l’antidote par excellence à utiliser quand les choses ne vont pas très bien. Et là aussi, les Marocains font preuve d’imagination avec un contenu en images et en vidéos foisonnant et original !

— Quel rôle pour les influenceurs et quel est leur impact sur l’opinion des internautes ?

Le Coronavirus a bouleversé de fond en comble la carte de l’influence sur les réseaux sociaux. Nous assistons d’abord à un retour en force des médias, publics et privés, comme source fiable d’informations des internautes, notamment face à la multiplication des fake news. Le partage des liens médias est l’usage dominant des Marocains sur les réseaux sociaux.

Nous constatons également la confirmation des audiences des influenceurs proches de larges couches de la population comme Moul Chekkara, Sordo ou la blogueuse Mayssa Salama Ennaji. Leurs directs sur Facebook réunissent des milliers d’internautes quotidiennement.

En revanche, nous constatons la sortie des radars, des influenceurs du divertissement, du show-biz, de la mode, beauté & musique, rejetés massivement en ce moment par les internautes.

Fait à souligner, le Chef de gouvernement, se place, avec ses comptes professionnel et personnel, comme la personnalité la plus engageante sur Twitter, durant ce premier mois de la crise. Une des surprises de l’étude !

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